Cigarette
En ce jour la lumière brûlait les cieux,
Nul n'aurait vu un soleil si radieux,
En cette saison de grande chaleur,
Dans ma bouche tu as déposé ton odeur.
Seul et désemparé, penché au bord du gouffre,
Tu as su m'accompagner, me réconforter,
C'est un bien pour un mal, aujourd'hui je souffre,
Car de ta compagnie je désire me dispenser.
A chaque instant, subissant main dans la main,
Les aléas d'une existence sans but ni envie,
Nous connûmes la joie moins que le chagrin,
J'essayais de me raccrocher à toi, tu voulais ma vie.
Je suis ton esclave, le jouet, non pas d'un bambin
Mais celui d'une entité mal sainte et cruelle,
A maintes reprises les distances ont mit un frein,
Comme le reflux des marées tu es revenu de plus belle.
Tu me consumes de l'intérieur, en toute discrétion,
La hâte n'est pas ton atout, tu préfères déguster,
Rapace, tu me veux et cherche ma triste perdition,
Le ciel est la tombe que tu m'as réservée.
J'estimais détenir sur toi un contrôle absolu,
Abusé, leurré, le rideau chu, je vois enfin,
Le preneur est pris, le fumeur fumé, tu m'as eu,
Relâche ton étreinte sur moi, détache ton dessein.
Cigarette, cancer que tu es, mon courroux est sur toi,
Des jeunes impudents tu te sustentes avec avidité,
Ne laisse plus dans ton ombre d'inertes proies,
Des lendemains laisse nous voir le soleil se lever.